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  • Colette et Jean-Paul Deremble

Séance 9. Guérison de l’aveugle de Jéricho (Mc 10, 46-52). Pistes de réflexion sur le discernement.

Dernière mise à jour : 20 févr. 2021




La vidéo qui correspond se trouve sur YouTube :





- Le texte de l’Évangile :

Jésus sort de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse. L'aveugle Bartimée, fils de Timée est assis au bord du chemin, mendiant. Quand il entend que c’est Jésus, il se met à crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » La foule le rabroue, veut le faire taire. Lui, crie de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle l’aveugle, et on lui dit : « Aie confiance ! Lève toi ! il t’appelle. » Alors, l’aveugle jette son manteau, bondit et court vers Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». L’aveugle répond : « Maître, que je voie ! »Alors, Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé." Aussitôt, l’homme recouvre la vue, et il suit Jésus sur son chemin. (Mc 10, 46-52)


- Qu’est-ce qu’un miracle ?

On peut revenir sur la question de la lecture littérale et de la lecture figurée :

. Doit-on attendre de Dieu qu’il nous guérisse de nos problèmes de santé ou qu’il nous montre un chemin pour mieux vivre selon les Béatitudes ?

. Quel est le sens figuré de l’aveuglement ? C’est un symbole courant dans l’Antiquité. Aujourd’hui encore on utilise ce mot dans son sens figuré : on peut dire qu’on est « aveuglé par nos passions ». Un aveugle, au sens figuré, c’est quelqu’un qui manque de discernement.

- Selon l’Ancien Testament, le Messie est celui qui aide l’humanité à discerner

Les Juifs attendaient un Messie (un Christ), quelqu’un qui aiderait l’humanité à savoir comment se comporter dans ce monde déchiré par la violence. Dans l’Ancien Testament, celui qui en parle le mieux est un prophète qui s’appelle Ésaïe.

[Ce qu’on appelle un prophète, dans les anciens temps, ce n’est pas un devin qui annoncerait à l’avance ce qui va se passer : c’est un sage qui réfléchit sur ce qui est bien.]

Ésaïe dit ceci du Messie : Il va « apaiser les cœurs brisés, annoncer aux captifs la liberté, aux aveugles qu’ils recouvrent la vue ». Ce sont des paroles qu’il faut entendre de manière symbolique : ce que dit Ésaïe, c’est que nous avons, au fond de nous, des obstacles qui nous emprisonnent, nous empêchent d’avancer en y voyant clair dans nos choix, et qu’un jour quelqu’un nous aidera à les dépasser.


- Pour les Évangélistes, le Messie est là

Les Évangélistes, eux, disent qu’il ne faut pas attendre le Christ pour plus tard, qu’il est là : aujourd’hui nous avons tous les moyens de voir, de discerner le chemin du bonheur et de la paix pour le monde.


- Le sens figuré du récit

Comme toujours dans les Évangiles, chaque expression est choisie avec soin pour délivrer un message complexe :

. La foule nombreuse c’est l’image du monde, de son agitation.

. L’aveugle c’est chacun de nous, c’est l’humanité.

. Il est assis au bord du chemin, c’est-à-dire qu’il n’est pas vraiment sur la route. Il reste sur la marge.

. La mendicité, c’est la pauvreté du cœur, l’humilité. Savoir qu’on a besoin des autres.

Il appelle le Christ, parce qu’il sait que le Christ c’est le sommet de la sagesse.

. La demande de pitié, c’est la demande de pardon. Reconnaître qu’on a besoin de miséricorde, c’est une étape importante pour y voir clair.

. La foule qui rabroue, ce sont tous les faux bruits du monde. On doit parfois lutter à contre courant des idées reçues.

. Jésus le fait appeler : La réponse à nos appels nous vient des autres.

. « Confiance ! » La confiance en soi et en l’autre est le premier pas vers le discernement

. « Lève-toi ! ». C’est une expression qui revient très souvent dans l’Évangile. On l’utilise (en grec) pour dire qu’on se réveille du sommeil et qu’on se met debout. Les évangélistes l’emploieront pour parler de la résurrection. Au sens figuré, « Lève-toi » signifie « sois en état d’éveil, regarde autour de toi, aie conscience des besoins du monde ».

. « Il t’appelle ». Le monde a besoin de nous.

. Le manteau est le symbole de ce qui nous encombre pour aller vers les autres, ce qui nous empêche d’être libres dans nos rencontres des besoins du monde. Qu’est-ce qui nous encombre ? Peut-être la peur des autres, l’égoïsme, la paresse… ?

. L’homme bondit, court. L’Évangile nous met dans une dynamique, un élan.

. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Cette question est fondamentale et on peut l’utiliser dans deux directions :

- L’entendre posée à nous-mêmes : Qu’est-ce que nous voulons faire de notre vie ? C’est à nous de le dire. Personne ne le fera à notre place.

- La poser aux autres. Si on la posait vraiment, il y aurait peut-être moins violence. C’est un trésor que cette question.

. « Que je voie ! ». Il s’agit de demander d’y voir clair dans ce qui apporte le bonheur. C’est ce qu’on appelle le discernement.

. Ta foi t’a sauvé : ce qui sauve, c’est donc la confiance. C’est aussi toute la longue démarche de l’homme : il découvre l’humilité, l’importance de demander de pardon, de se débarrasser de ce qui l’encombre intérieurement, de comprendre qu’il est appelé ; il s’éveille au monde, se mettre debout, « court »…C’est tout cela qui « sauve ».

. Il suit Jésus sur son chemin. Le chemin de Jésus, c’est celui qui va le mener au don total de lui-même, au partage de sa vie. Être « sauvé », cela ne conduit pas à être tranquille mais à s’engager pleinement pour les autres, à se mettre « en chemin ». Être sauvé, c’est une exigence.


On comprend donc que ce récit raconte tout autre chose que la guérison miraculeuse d’un aveugle : ce qui est en question, c’est ce qui sauve le monde.


Dans la « boîte à trésors », on peut rappeler les phrases qu’on a déjà sélectionnées :

« Avance en eau profonde »

« Produis du fruit et du fruit en abondance »

« Heureux les artisans de paix »

« Aimez vos ennemis »

« Soyons tous frères »

« Que ton oui soit oui »

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement »


On en ajoute deux autres

« Confiance ! Lève-toi ! Il t’appelle ! »

Et « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »


L’image qui illustre le récit est empruntée aux peintures murales de San Angelo in Formis, en Italie, au11ème siècle.


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