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  • Colette et Jean-Paul Deremble

Séance 8 : Partager. Le jeune homme riche (Mc 10, 17-31). Pistes de réflexion : "la vie éternelle".

Dernière mise à jour : 20 févr. 2021



La vidéo qui correspond à cette réflexion est accessible par ce lien :



Le texte évangélique (Mc 10, 17-31) étant un peu long on peut le résumer.

Un jeune homme va vers Jésus et lui demande : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »


1. Réfléchir à la notion de « vie éternelle »

Si on commence par interroger les enfants, on peut imaginer qu’ils répondront qu’il s’agit d’une vie qui dure indéfiniment après notre mort. Leur expliquer qu’il y a d’autres manières de comprendre cette expression.

Les Évangiles sont rédigés en grec. En grec, il y a deux mots pour parler de la vie : bios et zoé, qui ne signifient pas la même chose.

Bios (qui a donné biologie, biographie…), c’est ce qui caractérise le vivant.

Demander aux enfants s’ils se souviennent de leur cours de sciences du vivant : ils ont appris que le vivant se définit par un cycle (naître, grandir, vieillir et puis mourir), que les animaux, les plantes, les hommes, ont tous ce parcours-là. Ce parcours, qui va de la naissance à la mort, nécessite trois actions : travailler pour se nourrir, manger et se reposer. C’est le cycle de l’existence individuelle. Bios, notre vie individuelle donc, n’est pas éternelle puisque ce qui la caractérise, ce qui la définit, c’est de se terminer par la mort. C’est la loi biologique pour chacun d’entre nous.


Zoè. Leur rappeler que les humains ne sont pas seulement préoccupés de manger et de dormir : réfléchir avec eux sur les différents autres registres de la vie :

. la vie morale : comment vivre ensemble.

. la vie spirituelle : à quoi on croit ? qu’est-ce qu’on espère ?

. la vie artistique : les hommes ont toujours cherché à créer de la beauté, à s’occuper de choses inutiles..

. la vie intellectuelle : tout ce qui a trait aux techniques, aux idées...


Ce registre-là, c’est-à-dire les valeurs, les croyances, l’art, les idées…, les hommes se les transmettent de génération en génération. Elles durent, même si les individus meurent. Pour désigner tout cela, tout ce qui n’est pas simplement de l’ordre de la nécessité biologique des individus, mais de l’ordre de la vie durable de l’humanité toute entière, les grecs ont un autre mot : zoè. Zoè, c’est la vie du cœur, de l’intelligence, de la sensibilité, ce qui est, en quelque sorte, inutile, mais qui est pourtant essentiel. Zoè c’est ce qui permet à l’humanité de continuer, parce que, s’il n’y avait pas la morale, par exemple, on s’entretuerait tous.

Les évangélistes, lorsqu’ils utilisent l’expression zoè, veulent parler de cette vie-là. Lorsqu’ils ajoutent à « zoè » le mot « éternel », ils parlent des valeurs qui sont incontestables, qui sont absolument vraies, universelles, parfaites, qui ne meurent pas, qui sont toujours là, même si nous, les individus, nous mourons.

C’est sur ce sujet que le jeune homme s’interroge. Il se questionne sur les valeurs éternelles de la vie, sur ce qui lui donne son sens. Comment est-ce qu’on peut arriver rendre la vie « parfaite », divine ?


2. Le premier stade de cette vie « éternelle », c’est de ne pas nuire aux autres

On revient au texte : Jésus commence par répondre au jeune homme que ce qui est important, c’est la morale.

Interroger les enfants sur les grandes lignes de la morale, familiale, sociale…

La morale, c’est le ciment, le fondement de toute vie humaine, à quelle qu’époque qu’on se place, qu’on soit en Asie, en Afrique, ou en l’Europe. On ne peut pas vivre ensemble sans morale.

L’Ancien Testament résume l’essentiel de cette morale dans un texte qu’on appelle les Dix commandements : ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas accuser les gens à tort, ne pas faire de mal aux autres… Il énonce 10 règles de base. Ce sont des valeurs universelles pour que la vie humaine, la zoè, soit durable.


Le jeune homme répond : « tout cela, je le fais depuis que je suis tout petit ».

Jésus le reconnaît : il regarde le jeune homme avec plein affection, car quelqu’un qui fait tout cela, c’est déjà formidable. Rappeler aux enfants qu’aucun d’entre nous ne peut se vanter de n’avoir jamais fait de mal à personne, de n’avoir jamais dit de mal de personne, de n’avoir jamais pris quelque chose qui ne nous appartenait pas.


3. Le second stade c’est de partager

Jésus poursuit, car il sent que le jeune homme est prêt à aller plus loin encore vers la perfection : « Il y a une chose qui te manque : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi ».

Réfléchir avec les enfants aux raisons du partage (pourquoi faudrait-il partager ?) puis confronter nos réponses aux propositions que nous avons retenues de l’Evangile :

Selon l’Evangile, le monde parfait, celui où on est pleinement heureux, c’est celui où on a le souci des autres comme s’ils étaient nos frères, celui où on partage, non seulement notre confort mais notre intelligence, notre affection, notre temps. Il ne s’agit plus simplement de ne pas faire de mal. Il s’agit d’avoir le souci de la justice, le souci des petits, de ceux qui souffrent. C’est beaucoup plus difficile que de se contenter de ne pas voler ou de ne pas dire du mal.


Le jeune homme le sait bien. Il devient tout triste, et il s’en va. Le texte nous dit qu’il est très riche. Plus on a de richesses, moins on a envie d’y renoncer.

Réfléchir avec les enfants sur nos richesses : Nous avons non seulement des objets, du confort, mais des talents de toutes sortes...

Cela ne veut pas dire qu’il faut se culpabiliser d’être riches. Au contraire, les richesses, c’est formidable. Rappeler la Parabole des talents : l’Évangile nous encourage à multiplier les richesses, à porter du fruit. Celui qui ne fait pas fructifier ses talents, il perd tout.

Donc, n’ayons pas peur de faire fructifier nos richesses. Non pour les conserver jalousement mais pour les partager, pour les mettre au service des autres, pour créer du bonheur autour de nous.

Tout cela, ce serait bien de le faire aussi et surtout avec une pensée écologique : si chaque génération veillait à partager les richesses de la planète avec les générations qui vont venir ! Nous savons aujourd’hui que si nous continuons à trop consommer pour nous, nous mettons en danger l’avenir.


4. Le troisième stade c’est l’humilité.

Retour au texte : Le jeune homme riche part et il reste les disciples de Jésus, le petit groupe qui le suit. Eux, sont très fiers car ils ont tout quitté, tout partagé : ils s’attendent à être félicités et veulent des récompenses. Mais Jésus leur dit : attention ! ce n’est pas si simple que ça :

. d’abord, parce que croire qu’on est les meilleurs c’est courir le risque de se retrouver les derniers.

. et puis, on ne partage pas pour avoir de la reconnaissance. On partage parce que c’est ce qui fera que le monde pourra vivre durablement et en paix.

. enfin, ayons conscience qu’on n’a pas grand mérite à partager. Car tout ce qu’on a, notre fortune, notre intelligence, notre énergie, on l’a reçu en héritage. L’éducation nous a été donnée par nos parents, grâce à quoi nous pouvons avoir un beau métier. Ils nous ont appris à travailler, à avoir confiance en nous, à entreprendre, à être courageux. Nous avons hérité du savoir-faire accumulé pendant des siècles. Nous ne sommes pas nés dans un pays désertique où on meurt de soif etc…Nous avons tout reçu ; rien ne nous appartient.

L’Évangile le dit ailleurs : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ».


Donc, si le deuxième stade de la vie « éternelle », c’est de partager, il y a une étape encore supérieure, c’est de le faire joyeusement, gratuitement et humblement, car nous avons, en réalité, surtout de la chance, plus que du mérite.

5. Partager, c’est rencontrer Dieu

On peut terminer par un court extrait du texte dit du « Jugement dernier », qui éclaire et complète celui du Jeune homme riche (Mt 25, 35-45) : Jésus rencontre quelqu’un et il lui dit : « J’ai eu faim et tu m’as donné à manger. J’ai eu soif et tu m’as donné à boire. J’étais étranger et tu m’as accueilli. J’étais nu et tu m’as donné un vêtement. J’étais en prison et tu es venu me voir ». Alors la personne lui dit : je ne me souviens pas de t’avoir rencontré, toi. Jésus lui répond : en réalité, chaque fois que tu as partagé ton temps ou ton énergie, chaque fois que tu as ouvert ta porte, chaque fois que tu as fait un geste vers les autres, c’est Dieu que tu as rencontré, sans le savoir.

Cela nous montre que, pour les Evangiles, le sommet de la vraie vie, de la vie « éternelle », c’est le partage.


On en revient à une question qu’on a souvent abordée : qui est Dieu ?

Ce que dit la foi chrétienne, c’est que chaque fois qu’on partage, dans l’humilité et la joie, on fait, sans le savoir, l’expérience de Dieu, l’expérience de ce qu’il y a de plus absolu, on fait l’expérience de l’essentiel, de la vie « éternelle », cette vie qui tend vers la perfection, qui rend l’humanité grande et heureuse du bonheur des Béatitudes.


La phrase qu’on retient :

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». (Mt 10, 8)


L’image du titre est celle du partage du manteau de saint François par Giotto.


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