top of page
Rechercher
  • Colette et Jean-Paul Deremble

Séance 6 : Se comporter en Fils de Dieu. Nous sommes « Tous frères ». Pistes de réflexion.

Dernière mise à jour : 20 mars 2021


La vidéo qui correspond à cette réflexion est accessible par ce lien :





Nous commençons la séance en vérifiant que les enfants ont bien compris que l’essentiel pour l’humanité c’est le « comment vivre ensemble ». On repart de cette question du « vivre-ensemble » et on échange rapidement sur les obstacles et les moyens de ce « vivre-ensemble ».

La foi chrétienne en parle à partir d’une expression difficile et fondamentale : elle dit que nous sommes Fils de Dieu et donc frères.


1. Fils de Dieu est une métaphore

On vérifie que les enfants ont bien saisi la signification d’une « métaphore » (ce qui est beaucoup moins difficile qu’on ne le pense, car les notions de sens propre et figuré sont un des fondamentaux au programme des cours de Français, et ce à partir du CM1/CM2, âge à partir duquel nous adressons notre réflexion)

Une métaphore, c’est une manière de parler figurée, poétique. On peut en rappeler des exemples : pour dire qu’on a lu un livre avec passion, on dit : j’ai dévoré ce livre. Ce serait ridicule d’interpréter cette expression au pied de la lettre : un livre, ça ne se mange pas.

Pourquoi parle-t-on par métaphores ? Parce qu’une métaphore résonne de sens très vastes (ce qu’on appelle la polysémie). Elle est donc plus adaptée aux choses complexes, qui ont besoin non seulement de faire appel à notre logique mais aussi à notre sensibilité et à notre imaginaire. Dans l’Antiquité, on parle systématiquement par métaphores lorsqu’on évoque quelque chose de fondamental. Rappeler aux enfants que tous les grands textes antiques (l’épopée de Gilgamesh, les mythes grecs et les grandes tragédies, le Déluge, etc…) ont une écriture métaphorique : ils ont un sens qui nous concerne encore aujourd’hui.


On rappelle le moyen de savoir si une expression doit être entendue au sens figuré ou non : c’est par son usage. C’est parce qu’on a l’habitude d’entendre l’expression « dévorer » un livre qu’on sait que dévorer, dans ce contexte, ne veut pas dire manger.


Dans l’Antiquité, l’expression Fils de Dieu, au sens figuré, est très courante. On l’utilise aussi bien en Égypte, qu’en Mésopotamie, ou dans le monde romain. Les grands écrivains la connaissent bien : on sait qu’il faut la lire au sens figuré, parce qu’on a l’habitude de l’entendre ainsi.

Osée, qui est un des très grands écrivains de l’Ancien Testament, emploie aussi cette expression : il dit que le peuple d’Israël est Fils de Dieu : Dieu le prend dans ses bras, lui apprend à marcher (Osée 11). On voit clairement qu’il s’agit d’une métaphore : il serait ridicule de prendre l’expression au pied de la lettre : Dieu ne peut pas prendre un peuple dans ses bras !


Les écrivains du Nouveau Testament appartiennent à cette immense culture. Il n’y a pas de raison de penser qu’ils parlent autrement que les autres. Lorsqu’ils reprennent ce terme, utilisé depuis des siècles dans son sens métaphorique, ils ne l’utilisent pas dans un sens différent. Ils savent que « Fils de Dieu » est une image et que cette image se rapporte au peuple, à l’humanité.


2.Être Fils de Dieu c’est se savoir aimé

Essayer de voir avec les enfants quels pourraient être les sens de cette métaphore :

Toute métaphore a toujours un rayonnement de sens, c’est sa force.

La métaphore filiale est la meilleure manière qu’on ait de parler de l’amour. En effet, l’amour des parents pour leur enfant est sans doute la forme la plus accomplie de l’amour. Discuter avec les enfants de ce que peut être l’amour, bien compris, des parents pour leur enfant : les parents aiment (en principe) leur enfant de manière désintéressée, sans condition, même si cet enfant ne se comporte pas bien. Ils veulent qu’il grandisse, qu’il s’épanouisse. Ils veulent son bien.


Si les évangélistes utilisent cette métaphore, c’est donc pour dire que nous sommes tous aimés de cette manière-là, quoiqu’on fasse, et de manière inconditionnelle. Parler avec les enfants de la manière de se savoir aimé : On est aimé par nos parents, nos frères et sœurs, nos amis…Mais cette manière est imparfaite.

Les chrétiens vont plus loin : ils croient que, même dans les moments où on n’en a pas l’impression, même quand personne ne nous le dit et ne nous le montre, même quand on se sent seul et que, nous-mêmes, nous ne nous aimons pas, on est aimé. C’est ce qu’on appelle l’amour de Dieu, un amour qui, peut-être, ne se voit pas, mais dont on est sûr qu’il est là. Nous sommes aimés, même si nous ne le savons pas, même si nous ne le sentons pas. La foi du chrétien est fondée sur ce postulat.


3.Être Fils de Dieu c’est ressembler à Dieu

Évoquer l’autre sens de la métaphore : le propre d’un fils c’est de ressembler à son père, d’avoir la même nature que lui. Être Fils de Dieu c’est ressembler à Dieu.

Mais qu’est-ce que Dieu pour les chrétiens ? Que dit l’Évangile ? Il dit que Dieu c’est la perfection : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait » (Mt 5, 48)

La perfection de quoi ? Évidemment de l’amour.


4. Le récit des Tentations

Les évangélistes racontent qu’un jour Jésus entend au fond de lui une voix qui lui dit :

« Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces cailloux deviennent pain. » (Mt 4, 3) : ainsi tu n’aurais pas besoin de travailler pour gagner ta vie.

Et une autre voix qui lui dit :

« Si tu es Fils de Dieu, jette-toi du haut de ce temple » et demande à Dieu d’éviter que tu ne te fasses du mal.

Et encore une autre :

Si tu es Fils de Dieu, tu peux être le maître du monde.

Ces voix, ce sont nos « tentations ».

On peut engager un débat sur nos tentations, prendre conscience qu’on est tous tentés, d’une part, par le désir de dominer les autres, d’autre part, d’attendre passivement des miracles pour que nos problèmes se résolvent d’eux-mêmes.


Selon l’Évangile, notre vocation est tout autre : rappeler les deux textes fondamentaux déjà étudiés, les Béatitudes et la Parabole du Samaritain

« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu » (Mt 5, 9)

Être Fils de Dieu c’est donc vouloir la paix, la justice, souffrir avec ceux qui souffrent…

Selon la Parabole du Samaritain, être Fils de Dieu, c’est aimer même ses ennemis et se laisser aimer par eux. Ailleurs, on lit : « Aimez vos ennemis (…) et vous serez vraiment Fils de Dieu » (Mt 5, 44).


5. Être Fils de Dieu, c’est être tous frères.

On peut aller plus loin dans l’explication de la métaphore : si nous sommes Fils de Dieu, c’est que nous sommes tous frères puisque nous avons le même « père » :

« Ne vous faites pas donner le titre de Maître, car vous n’avez qu’un seul maître :

Vous êtes tous frères. »(Mt 23, 8)

La vocation de l’humanité, c’est de dépasser les relations du maître et de l’esclave, du riche et du pauvre, de celui qui méprise et de celui qui est méprisé, pour construire une relation fraternelle avec les autres, une relation qui fait de nous tous des frères, au-delà des frontières, des apparences ou des différences.


C’est cela qu’on appelle l’Incarnation : incarner l’amour qui fait de nous des fils de Dieu et donc des frères. (C’est le sens de la dernière encyclique du pape François Fratelli tutti)


6. Des exemples de Fils de Dieu

Cette incarnation est-elle possible ?Demander aux enfants s’ils connaissent des exemples de gens qui ont vécu la fraternité.

On peut évoquer sœur Emmanuelle.


7. Noël, la fête de notre vocation à nous comporter en Fils de Dieu

La plus grande fête de l’année, pour les chrétiens, c’est Noël. A Noël, on fait une crèche. Discuter avec les enfants du sens de la crèche et les amener à comprendre qu’elle n’est pas tant le reflet d’un événement passé, mais qu’elle résume l’essentiel de notre foi :

. On y représente plein de gens différents. Ils figurent l’humanité : ce sont, rassemblés dans un même mouvement, des riches et des pauvres, des bergers, des étrangers, des rois, invités, de condition et d’origine bien différentes.

. Ils se dirigent vers une grotte, une étable, c’est-à-dire un lieu simple, sans confort, et non vers un temple ou un lieu de pouvoir. C’est une révolution fondamentale que porte le christianisme

. Ils viennent s’incliner devant un enfant et non devant un roi ou un grand prêtre.

. Noël, c’est donc s’incliner devant les plus petits : le plus petit a droit à autant de d’honneurs que le plus grand.

. Noël, c’est aussi se mettre à la place du plus petit, c’est-à-dire se faire un cœur d’enfant, d’humilité, de douceur, de dépendance par rapport aux autres.

Jésus représente l’humanité lorsqu’elle vit ainsi les Béatitudes.


A Noël, on chante un chant qui est un des plus beaux de la liturgie chrétienne : le Magnificat. Il résume tout ce que nous avons dit. Magnificat c’est le premier mot de ce chant lorsqu’on le chante en latin. Il veut dire : « Que c’est magnifique ! » :

« Dieu a fait pour moi des merveilles !

Il disperse les orgueilleux.

Il renverse les puissants de leurs trônes.

Il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,

renvoie les riches les mains vides ».


Ce qui est magnifique, c’est de comprendre que l’humanité est une immense famille faite de personnes très différentes, appelées à se comporter en frères et sœurs et à mettre les petits et les humbles à la première place.


Ce chant, des centaines de musiciens l’ont mis en musique.

On peut proposer de chercher des musiques du Magnificat.

Dans la vidéo on l’écoute avec Jean-Sébastien Bach.


Dans la boîte à trésors, on ajoute : « Nous sommes tous frères »


L’image du jour est celle de Maurice Denis, Nativité (1894).

415 vues0 commentaire
Post: Blog2 Post
bottom of page