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  • Colette et Jean-Paul Deremble

Séance 5 : Aimer sans condition, pistes de réflexion sur le caractère inconditionnel de l'amour.

Dernière mise à jour : 20 mars 2021

La Parabole du Samaritain (Luc 10, 25-37)


La vidéo correspondant à cette séquence est accessible par ce lien :




Encore une histoire, une parabole.

Jésus aime parler ainsi pour nous inviter à rentrer dans une histoire où nous devenons acteurs. Jouons le jeu afin de résoudre les problèmes posés dans l’Évangile par nous-mêmes.

Aujourd’hui le dialogue est rythmé par des questions, à la manière de Socrate, où celui qui interroge trouve la réponse. C’est ainsi que nous vivons nos échanges Cat’écho, sous la forme de questions croisées.


1. D’abord la rencontre entre le Christ et un savant de la Loi (un légiste). Normalement il sait tout puisqu’il est maître, mais peut-être veut-il savoir si Jésus en sait autant que lui.

- « Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle ? »

Voilà la question qui rejoint notre introduction de Cat’écho sur ce qui est essentiel pour nous.

Jésus, en bon pédagogue, se garde bien de répondre et renvoie la question :

- « Qu’est-il écrit dans la Loi ? Qu’y lis-tu ? »

A vrai dire la réponse est facile parce que la Bible dit depuis toujours ce qui est essentiel, à savoir : « aimer Dieu de tout son cœur » et « aimer son prochain comme soi-même ».

Le savant en Bible répond tout de suite et Jésus lui dit qu’il a bien répondu. L’Évangile innove pourtant en liant étroitement deux paroles qui sont séparées dans la Bible, dans le Deutéronome pour l’amour de Dieu et dans le Lévitique pour l’amour du prochain.

Il suffit donc de mettre en application les deux commandements de l’amour, désormais “semblables“, équivalents, pour vivre tout court, pas dans l’éternité lointaine mais dans la vie immédiate.


2. L’histoire aurait pu s’arrêter là puisque tout est dit à défaut d’être mis en pratique. Mais l’essentiel ce n’est pas tant de connaître les commandements que de les vivre pour de vrai, tous les jours.

Voilà que notre savant, qui sait tout, fait du zèle en reposant une nouvelle question :

- « Et qui est mon prochain ? »

Là c’est la surprise, on aurait plutôt posé la question : « Qui est Dieu ? » dont la réponse est terriblement difficile et divise les religions. Ou encore : « Qui es-tu Jésus ? Es-tu Dieu ? Est-ce toi que je dois aimer ? Qu’est-ce que veut dire “aimer Dieu“ ? » et ainsi faire un exposé théorique assez éloigné de la vie concrète.

Il faut remercier le savant de poser cette question fondamentale qui nous renvoie à notre vie quotidienne : « Qui est l’autre, le prochain, que je dois aimer ? ». La loi ne se contente pas de dire qu’il faut aimer ses amis, mais le prochain.

Jusqu’où cet amour du prochain va-t-il nous entraîner ?


3. La parabole proprement dite.

Jésus parle sous forme d’énigme, toujours dans le but de nous impliquer.

De nombreux personnages entrent en scène.

- D’abord un homme. On ne dit pas sa race, sa religion, son identité ; c’est moi, c’est toi, c’est nous en tant qu’humains de la terre, appartenant à l’humanité, la même pour tout le monde. On dit seulement qu’il marche sur les chemins de la vie et qu’il descend de Jérusalem, la capitale religieuse où tout est solennel et où la religion est au centre des préoccupations, et qu’il va vers Jéricho, une ville au destin tragique. Autant Jérusalem est sur la hauteur dans l’évidence des croyances, autant Jéricho est très en dessous du niveau de la mer, dans un pays qui évoque plutôt la nuit des incertitudes. Tout est symbolique bien sûr.

- Ensuite une attaque. La vie est dure, l’homme traverse des épreuves qui le blessent et parfois le laissent mort ou comme mort. La pandémie est un exemple. Il y a plein d’autres épreuves souvent mortelles en plus des maladies, comme les conflits, les migrations, les rivalités, les attaques, les jalousies, les attentats, l’exploitation de la terre et de ses habitants etc. C’est le fait de malfaiteurs. Ils prennent ce qu’il y a de meilleur dans l’homme et disparaissent avec leur butin. On dit alors souvent qu’il faut arrêter ces bandits, les juger et les condamner et ainsi justice sera faite, mais l’homme blessé n’est pas pour autant soigné, au contraire souvent il est laissé seul, comme emprisonné dans son isolement.

- L’homme blessé reste effectivement seul sur le bord du chemin tandis que tout le monde continue de faire ses activités normales. On rattrapera peut-être les brigands, mais là n’est pas le but de cette histoire qui s’intéresse plus que tout à cette humanité profondément souffrante.

Que faisons-nous alors ?

- Deux dignitaires de la religion (l’un chargé des sacrifices dans le Temple et le second chargé des autres affaires religieuses) passent alors sur ce même chemin, voient le blessé, mais ne font absolument rien. Au contraire ils s’écartent de l’homme à demi-mort pour ne pas avoir à le toucher d’aucune manière. On dit que d’autres textes de la loi interdisent à ces fonctionnaires de la religion de toucher des choses impures comme les blessés et les morts. Ils respectent leurs obligations mais l’homme reste toujours là à souffrir. Le service religieux est assuré mais pas celui de l’humanité.

- Un samaritain passe aussi. Il faut savoir qu’un samaritain n’est pas un juif de Judée comme pouvait l’être le blessé ; il ne respecte pas les règles officielles du judaïsme, du moins c’est ainsi que les juifs de Jérusalem considèrent les habitants de Samarie, le pays voisin, comme des gens pas respectables et même condamnables au regard de la Loi !

Mais lui s’arrête. Parce qu’il est touché par la souffrance, il touche le blessé, il change la direction de sa vie pour le soigner avec les remèdes de l’époque, de l’huile et du vin, il le met sur son âne et le conduit dans une auberge hospitalière pour que l’hôtelier prenne bien soin du blessé. Il laisse même deux pièces d’argent pour que l’homme blessé soit vraiment bien soigné, jusqu’à ce qu’il repasse.


4. Et Jésus de poser une dernière question.

- « Lequel des trois voyageurs s’est fait le prochain de l’homme attaqué et blessé ? »

Il faut bien voir le renversement révolutionnaire de cette nouvelle question. Non pas « qui est le prochain ? » - on aurait alors une définition encore théorique - mais bien : « qui s’est fait concrètement l’ami du blessé ? qui a fait le geste de prendre soin de l’homme ? Et cela indépendamment de toutes considérations religieuses, politiques, intellectuelles, qui ont toujours tendance de dire a priori ce qui est bien et ce qui est mal.

La réponse est évidente bien sûr, le savant répond d’ailleurs juste, mais la mise en pratique l’est moins : il n’est pas sûr que celui qui sait tout a priori agisse comme il doive le faire.

Cela nous conduit à repenser totalement notre définition de l’autre : est-il un ami que je vais naturellement secourir ou un non-ami, un ennemi donc, que je dois éviter ou combattre ?

Il dépend alors de moi que l’autre soit un ami ou un ennemi, ce qui est premier c’est le geste d’amour. C’est moi qui décide si je veux aimer l’autre ou pas. Je suis libre bien sûr. J’ai toujours des bonnes raisons de ne pas aimer en disant qu’un tel ne m’aime pas ou qu’il est détestable, mais il n’y a qu’une seule raison évangélique de l’aimer : parce que c’est un homme comme moi. Si je ne l’aime pas, il demeurera loin de moi et nous resterons indifférents ou hostiles l’un à l’autre.

Par l’amour, « soyons bâtisseurs d’un nouveau lien social » (pape François), d’un nouveau regard sur l’autre, seul moyen d’enrayer le processus des guerres et des injustices. Devenons « partenaires » d’une nouvelle humanité par-delà les clivages qui opposent les uns aux autres.

C’est le geste de charité qui fait que l’autre est un ennemi ou pas.


L’Évangile dit cela avec une force incroyable : « aimez vos ennemis », Matthieu 5, 44.

Le pape, dans sa dernière et formidable encyclique Fratelli tutti, redit le même message.

Dans l’Évangile, L’amour du prochain, quel qu’il soit, devient le signe de l’amour rendu à Dieu


5. « Va et, toi aussi, fais de même ».


Vidéo présentation : https://youtu.be/tjgy_sQTqSw


Vincent Van Gogh, Le Bon Samaritain, (1890) Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo »,

d’après Delacroix

Peint à Auvers après son séjour à Saint-Rémy de Provence


Benjamin Britten cantate 65 Misericordium, 1963

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